Au Cameroun, lorsqu’une jeune fille a ses premières règles, elle ignore tout de ce qu’est la menstruation. Elle ignore tout du cycle féminin. Ces sujets sont souvent passés sous silence ; elle est livrée à elle-même. Elle vit dans la peur, le silence et l’isolement pendant cette période. Dans les espaces publics, y compris les écoles, il n’y a souvent pas de toilettes, ou celles-ci sont dans un état d’hygiène totalement inadéquat. Faute de protections hygiéniques, beaucoup restent à la maison pendant leurs règles. Elles manquent donc environ une semaine d’école par mois. Elles sont exclues de toute participation, silencieuses et cachées.
Dans les zones rurales du Cameroun, le manque d’eau potable n’est pas le seul problème. Le manque d’hygiène dû au manque de toilettes représente un risque au moins aussi important pour la santé des populations
C’est également le cas dans la municipalité de Leng-Tombo, où nous intervenons depuis de nombreuses années. Les toilettes manquent précisément là où les gens se rassemblent : dans les écoles, les centres communautaires, les églises, les places de village et les places de marché. Les gens se soulagent généralement dans les buissons. C’est dégradant et dangereux. Et il n’y a aucune possibilité de se laver les mains ensuite ! Les agents pathogènes se propagent ainsi de manière incontrôlée.
Le manque de toilettes est particulièrement problématique pour les filles et les femmes, qui ne peuvent trouver un espace sûr pendant leurs règles. De nombreuses filles sont temporairement déscolarisées et ont une participation limitée à la vie publique.
Lorsqu’on tombe sur des blocs sanitaires, ils sont souvent dans un état catastrophique. Par exemple, à Mbalmayo, près de Yaoundé, la capitale, nous avons rénové le bloc sanitaire attenant à l’école en 2016. Un élève était récemment tombé à travers le sol délabré des toilettes et avait failli tomber dans les excréments !
